Pour le maire de Nancy et président du Parti radical, la laïcité impose d’être intransigeant en la matière. Car elle n’est pas négociable. Interview.
Le Point.fr : Le cas échéant signeriez-vous un arrêté anti-burkini ?
Laurent Hénart : Oui, j’y suis favorable. Dans le climat de tensions actuel, porter une telle tenue peut être perçu comme une provocation, et donc, trouble la tranquillité publique. Avant même de savoir si le burkini équivaut à un niqab ou une burka, il pose déjà un problème d’ordre public et de sécurité. Nous avons tous peur de nous apercevoir trop tard des progrès du djihadisme et de la radicalisation. Nous sommes dans ce climat, c’est ainsi. Et ce climat impose que nous changions certaines de nos habitudes et notamment le célèbre « Je fais ce que je veux» français. J’étais député quand le débat sur le voile à l’école a commencé. Au début, on a dit, reprenez la fameuse circulaire Jospin : chacun fait ce qu’il veut. Résultat, on n’a jamais vu fleurir autant de foulards islamiques à l’école, et ceux-ci sont devenus des objets de manipulation. Et on a dû légiférer.
Interdire quelqu’un de se baigner dans la tenue qu’il souhaite n’est-ce pas surréagir ?
Non, parce qu’un intérêt collectif aujourd’hui l’exige : celui de la laïcité. Si les Français n’ont pas l’impression que tous les espaces et équipements publics sont mis à l’abri du prosélytisme religieux, le pacte républicain est mis à mal. La laïcité ne peut pas être un simple principe « bisounours ». Nous devons toujours montrer que nous protégeons cette règle fondamentale de notre République. Les musulmans se sentent bien en France, car on ne leur demande pas de devenir catholiques, protestants, juifs ou bouddhistes. Toute hésitation, tout débat donnent l’impression que la laïcité est négociable. Nous devons être intransigeants en la matière.
Pour l’instant, les arrêtés anti-burkini ont provoqué un envol des ventes de ces tenues. Ne craignez-vous pas que ce genre de dispositions radicalise les positions ?
Rappelez-vous encore une fois la loi sur le port de signes religieux. Une fois qu’elle a été votée, que le dispositif juridique a été stabilisé, le port ostentatoire de ces signes religieux a disparu. Aujourd’hui, dix ans après le vote de la loi, ne se signale plus aucun fait divers d’actualité notable sur le sujet. L’enjeu est de savoir si le port d’un burkini est perçu par de nombreux citoyens comme une attaque contre la neutralité dans les espaces publics. C’est le cas. Il faut donc être infaillible.
Source: Le Point